Małgorzata Mirga-Tas, qui expose en ce moment dans des lieux importants en Belgique et à l’étranger, a le vent en poupe. Elle s’est fait connaître en 2022 en représentant la Pologne à la Biennale de Venise, comme première artiste rom à occuper un pavillon national et participait la même année à la documenta 15 de Cassel. Elle excelle dans la création d’œuvres textiles monumentales qui célèbrent la culture Rom, souvent dénigrée et accusée de tous les maux.
La Tate St Ives accueille la première exposition muséale de Małgorzata Mirga-Tas au Royaume-Uni. Elle y présente les trois œuvres de l’artiste se trouvant dans sa collection, la gigantesque composition textile June 2022 de son magnum opus au pavillon polonais, d’autres œuvres existantes et de nouvelles créations. Encore une fois, car elle a déjà créé de nouvelles œuvres pour sa première exposition personnelle aux Pays-Bas, au musée Bonnefanten de Maastricht, et la toute nouvelle présentation Herstories / wonderful women pour la Triennale de Courtrai, avec un paravent coloré et des portraits de femmes artistes et/ou activistes qui défendent les intérêts des Roms, plus grande minorité ethnique d’Europe. Mais comment fait-elle pour gérer cela ? La collaboration est un maître-mot dans sa pratique artistique. Małgorzata Mirga-Tas (1978) vit et travaille dans un campement Rom, à Czarna Góra, village polonais des Tatras. Elle s’y est retirée après des études d’architecture à Cracovie. En 2016, avec un groupe de couturières, dont sa mère et sa fille, elle s’est mise à coudre des œuvres à partir d’étoffes d’occasion. Il s’agit parfois de scènes historiques stéréotypées et stigmatisantes pour les Roms, créées la plupart du temps par des non-Roms. Elle utilise aussi des images du quotidien, prises dans des communautés Rom contemporaines. Après une mise à l’échelle, au format souhaité, elle en décalque les contours sur le textile et les découpe. Elle colorie ces découpes avec des substances qu’elle achète ou trouve. Dans ses portraits, elle incorpore souvent les caractéristiques de la personne représentée : vêtements, rideaux, mouchoirs, petits objets jetés, telles des boucles d’oreilles : « J’y vois de la vie, des émotions et des sentiments. » Le résultat final de ce collage est un régal pour les yeux et un hommage rendu aux Roms.