Charles et Ray Eames forment sans aucun doute le couple de designers le plus populaire du XXe siècle. Plus de trois décennies après leur disparition, leurs créations séduisent encore et toujours dans le monde entier. En outre, le marché du vintage tourne à plein régime. COLLECT a cherché à savoir quelles sont les pièces qui valent d’être acquises et les critères auxquels elles doivent répondre.
Selon les chiffres de Catawiki, les ventes d’objets de Charles et Ray Eames sur ce site d’enchères en ligne augmentent en moyenne de 77 % par an, soit presqu’un doublement chaque année. Le couple de designers américains apparaît également dans les vingt premiers termes de recherche, aux côtés d’autres comme Banksy, Rolex ou Porsche. « Chaque semaine, nous vendons une trentaine de meubles et objets Eames, soit 120 par mois et donc, près de 1.500 par an. La Lounge Chair, les chaises de bureau en aluminium et les Fiberglass Chairs demeurent très populaires », explique Alexander Fahl, spécialiste des Eames chez Catawiki. Artprice confirme cette popularité, plus de 1.500 pièces étant passées sous le marteau depuis 1985. Leur succès est particulièrement retentissant sur les marchés allemand, américain, français et belge. Si la demande a augmenté depuis 2019, le chiffre d’affaires s’est quelque peu affaissé en 2023. La plupart des pièces sont vendues dans des prix compris entre 1.000 et 5.000 euros. L’enchère la plus élevée était enregistrée en 2020 par Piasa pour un ensemble de six Fiberglass Chairs vertes des années 1950. Si, à première vue, leur design se ressemble, de légères modifications ont été apportées au fil des ans, ce qui permet de distinguer les versions anciennes des plus récentes. Alexander Fahl : « Par exemple, la Lounge Chair a été fabriquée en palissandre jusqu’en 1991, de même la coque des toutes premières versions était constituée, jusqu’en 1974, de cinq couches de contreplaqué alors qu’elle en a ensuite compté sept. Il est également possible d’identifier assez facilement les contrefaçons grâce au nombre de couches de contreplaqué, à toutes sortes de petits détails, comme les vis et les clips utilisés, que l’on remarque lorsqu’on soulève un coussin, ou à l’inclinaison du siège. »
Des attelles de jambe pour inspiration
Charles (1907-1978) et Ray (1912-1988) Eames cherchaient constamment à améliorer leurs créations. « Par exemple, en 1956, avec Herman Miller, ils lançaient un piètement en forme d’étoile sur le marché américain tandis qu’en 1957, et donc à l’introduction chez Vitra pour le marché européen, deux années plus tard, ils l’avaient déjà affiné, précise Stine Liv Buur, Design Manager Classics chez Vitra. Jusqu’à aujourd’hui, les deux entreprises ont conservé leur piètement d’origine, qui permet de distinguer les différentes versions. » Si les versions vintage des années 1950 jusqu’au début des années 1970 valent généralement plus cher, en particulier celles dont le bois et le cuir ont avec le temps pris une jolie patine, il arrive que les éditions limitées prennent, elles aussi, rapidement de la valeur. Stine Liv Buur : « À l’occasion de l’anniversaire des designers, ou du design même, nous lançons parfois une édition spéciale, notamment la Lounge Chair, à l’occasion de son 50e anniversaire en 2006, ou l’édition spéciale verte sortie en 2023. » Alexander Fahl : « Les prix de la Lounge Chair varient entre 4.500 et 10.000 euros, avec un record de 13.600 euros enregistré pour un exemplaire avec ottoman des années 1960, en 2022. La version miniature atteint, elle aussi, des montants pouvant aller jusqu’à 1.600 euros. » Lorsque, durant la Seconde Guerre mondiale, le couple s’est mis en tête de créer des attelles de jambe, légères et pas trop onéreuses, pour la marine américaine, il a découvert le contreplaqué. Les Eames ont ainsi créé une attelle de jambe sculpturale et expérimenté ensuite une série de sculptures. Aujourd’hui, celles-ci trouvent aisément preneur à 100.000 dollars. « Pour la première série de ces meubles, ils ont travaillé avec Evans, précise Jeroen Lathouwers, qui collectionne les Eames depuis plus de 20 ans. Si vous tombez sur une LCW (Lounge Chair Wood, réd.) ou une DCW (Dining Chair Wood, réd.) de la fin des années 1940 avec une étiquette originale, il s’agit certainement d’une pièce de collection. Le prix de ces dernières peut atteindre les 4.000 euros. »