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Jo Delahaut: un petit marché, à la santé fragile

Formes géométriques, couleurs éclatantes et compositions d’une rigueur infaillible. Voilà quelques éléments récurrents, et distinctifs, de l’œuvre de Jo Delahaut, figure incontournable de l’art abstrait en Belgique. Malgré son apport déterminant, sa valorisation sur le marché peine à décoller.

TEKST: Gwennaëlle Gribaumont

Cet hiver, le musée Marthe Donas présente une rétrospective de l’œuvre de Jo Delahaut (1911-1992). Premier défenseur de l’art abstrait en Belgique, l’homme a développé une abstraction construite profondément influencée par l’art concret. Il contribua ainsi au renouvellement du langage visuel de l’art abstrait après la Seconde Guerre mondiale. Visionnaire et pédagogue généreux, ce « passeur d’art abstrait », comme l’indique le titre de l’exposition, ne cessa de fédérer autour de lui d’autres artistes, souvent ignorés, qui œuvraient dans l’abstraction. D’un dynamisme à toute épreuve, il forma de nombreux groupes (Art Abstrait, Formes, Art Construit et Géoform) dont les actions collectives, publications de portfolios et organisations d’expositions, contribuèrent au rayonnement de l’abstraction sur la scène artistique belge. Autre étape décisive, la co-signature avec Pol Bury du Manifeste du Spatialisme (1954), posant les fondations de ses œuvres à venir : celles qui « quittent la toile » pour explorer la troisième dimension, le mouvement et l’utilisation d’autres matériaux. Sans conteste, Jo Delahaut est parvenu à conjuguer avec brio la recherche formelle à une rigueur intellectuelle, tout en sondant les profondes interactions entre formes géométriques et couleurs dans l’espace.