Tin Hamburg

Un minerai protéiforme

Il a connu ses heures de gloire dans le domaine décoratif et un grand usage comme objet de vaisselle, chope ou cruche. Mais l’étain a aussi connu de larges périodes de déclin. Retour sur l’une des plus anciennes matières, utilisée pour elle-même, mais aussi pour ses valeurs dans l’alliage et l’étamage.

TEXTE : Anne Hustache

Dans la nature, l’étain se présente à l’état d’oxyde, la cassitérite qui, dès la Préhistoire, a servi à fabriquer le bronze, en alliage avec le cuivre. Il ne fut employé comme métal propre que vers 2000 avant notre ère. Les Romains en firent grand usage pour les ustensiles de la table. A cette époque déjà et durant toute son histoire, il a été utilisé pour protéger d’autres métaux contre l’oxydation. Mais, dès le XIIe siècle, l’étain est coulé, tourné, soudé et ciselé pour fabriquer des ustensiles de vaisselle indispensables telles que les cruches et autres chopes. L’industrie de l’étain s’épanouit alors dans toute l’Europe et, au XVIIe siècle, est mis au point un ‘‘étain noble’’ qui va servir à la fabrication de chefs d’œuvres d’art décoratif comme le plat de la Tempérance de François Briot. La matière connaît toutefois une grande période de déclin, dès la seconde moitié du XVIIe siècle, pour renaître à la fin du XVIIIe siècle, mais aussi au début du XXe siècle et jusque tard dans l’après-guerre à la faveur d’un engouement pour le style ‘‘fermette rustique’’, désormais complètement désuet. De nos jours pourtant, l’étain demeure une matière aux multiples usages : il sert en soudure, dans la fabrication de boîtes métalliques, et joue un rôle conséquent dans les arts décoratifs, par exemple pour le revêtement des comptoirs et des tables des cafés, mais aussi pour la confection d’objets spécifiques comme les seaux à champagne.