C’est à la redécouverte d’une période faste de l’histoire de l’Inde qu’invite le Victoria & Albert Museum de Londres. Celle de la cour des Moghols, où fusionnèrent, tant dans les arts que dans l’architecture, les influences perses, hindoues et même européennes. Distillées en un délicat vocabulaire plastique, inspiré des merveilles de la nature, elle culmine dans ce chef-d’œuvre absolu qu’est le Taj Mahal.
Cette exposition se concentre uniquement sur les règnes des trois plus importants souverains de la dynastie, Akbar, Jahângîr et Shâh Jahân, qui comptent parmi les fameux Grands Moghols. Leur règne s’étend sur environ un siècle, entre 1550 et 1650. Pourtant, l’histoire de la dynastie moghole, fondée dans l’actuelle Inde, remonte à 1526, année où Bâbur (1483-1530), un descendant de Timur Leng, le fameux Tamerlan, originaire de Samarcande, défait le dernier sultan de Delhi. Comme bien des souverains musulmans de la région, les Moghols sont des Turcs originaires d’Asie centrale. Le terme de ‘‘moghol’’ dérive ainsi du nom de la zone d’origine de ces princes timourides, soit les steppes d’Asie centrale, autrefois conquises par Gengis Khan et connues par la suite sous le nom de Moghulistan ou ‘‘terre des Mongols’’. Ainsi, si les premiers Moghols parlent encore la langue traditionnelle turque tchaghataï et ont conservé des coutumes turco-mongoles, ils ont pour l’essentiel été ‘‘iranisés’’ au contact du puissant empire perse des Safavides. Ils introduisent donc la littérature et la culture persanes en Inde, y jetant les bases d’une culture mixte. De religion sunnite, leur empire va marquer l’apogée de l’expansion musulmane en Inde même si, de manière générale, les souverains moghols ont fait montre d’une grande tolérance religieuse.