emiel veranneman

Emiel Veranneman: coloré, poétique et robuste

Avec ses créations colorées, Emiel Veranneman offrit un nouveau souffle à la création mobilière flamande. Ses meubles, en édition limitée, se retrouvèrent dans les intérieurs d’amis artistes, ministres et industriels. Alors que de rares chefs-d’œuvre trouvent acquéreur pour des sommes considérables, l’œuvre n’en demeure pas moins sous-évaluée, comme celle de nombreux Belges.

TEXTE: Elien Haentjens

Avec ses créations colorées, Emiel Veranneman offrit un nouveau souffle à la création mobilière flamande. Ses meubles, en édition limitée, se retrouvèrent dans les intérieurs d’amis artistes, ministres et industriels. Alors que de rares chefs-d’œuvre trouvent acquéreur pour des sommes considérables, l’œuvre n’en demeure pas moins sous-évaluée, comme celle de nombreux Belges.

La vie d’Emiel Veranneman (1924-2004) ne fut guère ordinaire. Il travailla comme architecte d’intérieur pour le compte de riches clients dans le monde entier, dirigea une galerie d’art et conçut ses propres meubles. S’il caressa d’abord l’ambition, après ses études, de créer des meubles en série, il se heurta à une industrie rétrograde. En étroite collaboration avec un menuisier, il lançait donc des armoires en édition limitée. Pieterjan Deblauwe, collectionneur et architecte d’intérieur : « Comme il travaillait sur commande, chaque exemplaire n’a pas été véritablement produit. Il ne reste que quatre exemplaires connus à l’heure actuelle de l’armoire jaune citron, notamment dans la collection du musée du Design de Gand ». Après sa formation d’architecte à Gand, Emiel Veranneman part étudier à La Cambre à Bruxelles. Si Henry van de Velde n’y enseigne déjà plus, sa vision artistique y est toujours vivace. Il y revient régulièrement pour y examiner, entre autres, les œuvres de Veranneman. S’inspirant du célèbre adage ‘‘la forme suit la fonction’’, ce dernier invente des meubles originaux, robustes et colorés, se qualifiant d’« apprenti spirituel de Van de Velde ». En dépit de leur asymétrie apparente, ses tiroirs sont parfaitement fonctionnels. Dries Vanlandschoote, marchand de mobilier vintage : « Pour produire ces armoires ingénieuses, il travailla avec les maîtres menuisiers d’un atelier de Courtrai. Ces meubles réalisés en chêne ou frêne massif sont donc très difficiles à contrefaire. » Ces constructions robustes, aux lignes épurées, s’inscrivent dans la tradition artistique flamande. La robustesse évoque, non seulement, les traditionnels meubles malinois, mais aussi les expressionnistes flamands, tel son oncle Constant Permeke. Le critique d’art Ludo Bekkers a un jour écrit : « les meubles du même paysage primitif que celui glorifié par Permeke semblent avoir grandi » et « présentent les même traits puissants, durs et authentiques ». Veranneman parvient toujours à conférer à ses meubles une certaine légèreté, grâce à l’assemblage ingénieux des divers éléments.

NOUVELLES FORMES

L’œuvre d’Emiel Veranneman se compose en substance de trois périodes. Au début des années 1950, il remporte divers concours qui, dans le cadre du Plan Marshall, doivent encourager la mise en place d’une société de consommation moderne.