Dès l’enfance, Joris Van Grieken, conservateur des Estampes et Dessins à la Bibliothèque Royale de Belgique (KBR) fut fasciné par l’œuvre d’Albrecht Dürer. Une étincelle, jaillie il y a dix ans, s’est concrétisée en une exposition qui ramène le grand maître à ses racines belges. De ses chefs-d’œuvre graphiques à son influence sur les artistes anversois, la première superstar de l’histoire de l’art reprend vie, en un regard neuf sur un œuvre qui ne cesse d’inspirer.
COLLECT : Qu’est-ce qui a motivé cette exposition ?
Joris Van Grieken : « Cela remonte à une dizaine d’années. Plusieurs historiens de l’art ont estimé, presque en même temps, que la visite de Dürer à Anvers et aux Pays-Bas, en 1520-1521, devait s’inscrire dans les célébrations de son 500e anniversaire. Nous avons donc réuni un groupe de travail afin de préparer une double exposition, à Anvers et Aix-la-Chapelle. Les circonstances, notamment le report de l’ouverture du musée royal des Beaux-Arts d’Anvers, ont voulu que l’exposition débute à Aix-la-Chapelle. Dans cette optique, la Bibliothèque Royale de Belgique (KBR) a prêté quelques œuvres et j’ai rédigé un texte traitant de l’importance de cette visite de Dürer sur le développement de l’art graphique dans les Pays-Bas. L’examen minutieux du fonds de la KBR a révélé qu’elle conservait une collection magnifique et presque complète d’œuvres graphiques de l’artiste. L’institution dispose toutefois de moyens limités pour faire connaître son riche patrimoine à l’international. Lorsque le musée De Reede s’est déclaré prêt à accueillir des expositions sur de grands artistes graveurs, nous avons réagi avec enthousiasme. »