Le musée Bonnefantende Maastricht organise une exposition de l’artiste égyptien Wael Shawky. Il n’y présente que son dernier film, Drama 1882, acquis conjointement par le Bonnefanten, le Stedelijk Museum d’Amsterdam et le Centraal Museum d’Utrecht. Mais quel film ! Mael Shawky y traduit une révolte anticoloniale, achevée par l’occupation britannique de l’Egypte, en un bouleversant opéra dramatique, conçu spécialement pour le pavillon égyptien de la dernière Biennale de Venise.
C’était un incontournable ! La presse internationale fut d’ailleurs très élogieuse à son sujet. Wael Shawky a représenté son pays avec le « somptueux récit d’une révolution ratée, offrant de l’espoir dans un paysage politique agité », rapportait ainsi le New York Times. Le film Drama 1882, cofinancé par les quatre galeries le représentant – Lisson (Londres), Sfeir-Semler (Beyrouth/Hambourg), Lia Rumma (Naples/Milan) et Barakat Contemporary (Séoul) –, l’artiste a exigé carte blanche, sans interférence du gouvernement de son pays. Il souhaitait délivrer un message fort et, comme toujours, l’a fait en remontant le temps. Ses films sont des reconstitutions, à la fois précises et fabuleuses, d’événements historiques, destinées à nous faire mieux comprendre ce qui se passe dans le monde aujourd’hui. L’œuvre de Wael Shawky (1971) n’est pas seulement visuellement séduisante et émouvante, elle revêt également une dimension d’urgence. Drama 1882 est un opéra filmé de 44 minutes, chanté en arabe classique et sous-titré en anglais. L’artiste y transporte le spectateur à l’été 1882, moment décisif de l’histoire de l’Égypte. En huit chapitres, il reconstitue les événements ayant conduit à l’occupation britannique, qui n’a pris fin qu’en 1956. Le film peut faire penser à la guerre en Ukraine, aux bombardements de Gaza et à l’évolution des positions dominantes au Moyen-Orient et dans le reste du monde. Non pas que l’artiste y fasse allusion, il s’est tenu strictement aux sources historiques pour écrire le livret.