Membre fondateur de la Jeune Peinture Belge, entre abstraction et réalité, Gaston Bertrand a traversé l’art belge du XXe siècle en lui offrant une proposition picturale personnelle inspirée de ses observation du paysage, de l’architecture et de la figure humaine, sans cesse décantées et géométrisées. Une exposition au musée L, à Louvain-la-Neuve, nous offre l’occasion de se pencher sur son héritage plastique et d’analyser sa cote.
Par son sens de la construction exigeante et ordonnée, l’œuvre de Gaston Bertrand (1910-1994) a considérablement enrichi l’art moderne belge. Au fil d’un cheminement singulier, l’artiste construit peu à peu une épure stylistique qui répond intimement à sa vision du monde extérieur. Après avoir suivi des cours du soir à l’école Saint-Luc de Bruxelles, il entame un cursus à l’Académie royale des Beaux-Arts de Bruxelles, où il suit notamment les cours d’Anto Carte, puis à celle de Saint-Josse-ten-Noode, où il se lie d’amitié avec les peintres Anne Bonnet et Louis Van Lint, futurs complices à la Jeune Peinture. Si, à ses débuts, il peint, dans des tons neutres, des œuvres imprégnées de l’animisme ambiant, il s’en éloigne rapidement pour faire subir aux formes diverses mutations, toujours dans le sens d’un allégement de la matière, notamment par un abandon de la couleur et des volumes au profit de grands aplats et d’un graphisme accentué. En rébellion contre l’art officiel, il participe en 1940, entre autres avec Louis Van Lint et Anne Bonnet, à la première et unique manifestation d’un groupuscule éphémère intitulé La Route Libre. L’expérience sera suivie, l’année suivante, d’une exposition dissidente organisée au palais des Beaux-Arts de Bruxelles en réaction au refus de leur inclusion au Salon de Printemps de Bruxelles. Regroupée sous le titre d’Apport, celle-ci réunit des artistes comme Anne Bonnet, Louis Van Lint ou Rik Slabbinck. Dès 1942, Walter Schwarzenberg, ancien animateur de la Galerie Le Centaure, l’invite à réaliser sa première exposition personnelle en la Galerie Dietrich à Bruxelles. Deux ans plus tard, c’est au tour de l’historien de l’art Robert L. Delevoy de lui organiser une exposition personnelle en la Galerie Apollo.