La quête d’un univers personnel estompe les frontières entre art, design et artisanat, de même que celles qui séparent arts plastique et appliqué. Jeunes artistes et designers deviennent des ‘‘faiseurs’’. Quant aux artisans, ils s’efforcent d’innover sur un plan créatif.
Ce qui se tramait déjà avant la pandémie s’est accéléré ces dernières années : à la Biennale de Venise, les œuvres en matières tactiles comme le textile donnaient le ton. De plus en plus de designers se spécialisent dans une seule matière, qu’ils transforment eux-mêmes dans leur atelier, tandis que les produits faits main connaissent un regain d’intérêt. En conséquence, les disciplines se rapprochent et s’entrecroisent. Si ce mouvement a repris vigueur, il n’est pourtant pas nouveau. « Dans la céramique, on constate que la génération des étudiants des années 1950 a commencé à s’opposer à ses professeurs », explique Ornella La Vaccara pour BeCraft. « Des créateurs comme Achiel Pauwels et José Vermeersch souhaitaient repousser les limites du médium et charger la céramique d’une dimension plus émotionnelle et conceptuelle. En Wallonie, Charles Catteau a introduit la création artistique dans la production de Royal Boch. Si la recherche wallonne s’est longtemps concentrée sur de singulières applications en émail, d’inspiration orientale, la Flandre a pleinement opté pour l’innovation. José Vermeersch, par exemple, se rendait régulièrement à l’EKWC (Centre européen du travail de la céramique) ».