Dan Flavin: hommage à Barnett Newman

Dan Flavin est devenu célèbre au début des années 1960 pour son travail avec des tubes fluorescents fabriqués de manière industrielle. Le Kunstmuseum de Bâle réunit une petite soixantaine de ses œuvres pour une petite rétrospective qui met en exergue sa relation à l’autre.

TEXTE: Christophe Dosogne

En élaborant une nouvelle forme d’art, l’Américain Dan Flavin (1933-1996) a écrit un nouveau chapitre de l’histoire de l’art. Au moyen d’œuvres conçues à partir de la lumière, il a libéré la couleur du champ de la peinture et l’a transposée dans l’espace tridimensionnel. En utilisant des tubes lumineux trouvés dans le commerce, il s’est opposé aux représentations habituelles du statut d’auteur et des processus de production dans l’art. Sa décision de faire de l’art à partir d’un objet usuel a dès lors retenu l’attention de ses contemporains et demeure, encore aujourd’hui, radicale. Car, avec les premières expositions de ses œuvres lumineuses à New York, il a suscité d’emblée l’enthousiasme des artistes et des critiques d’art pour son purisme, ses ‘‘images gazeuses’’, comme il se plaisait à dire, et l’immédiateté de leur brillance.

Vivre la lumière

Elevé aux Etats-Unis, dans la religion catholique, Dan Flavin commence par suivre une formation de séminariste, mais renonce rapidement à la prêtrise et, après un service militaire en Corée au début des années 1950, durant lequel il commence à étudier l’art grâce à des cours dispensés par l’Université du Maryland, il revient à New York et suit les cours de la Hans Hofmann School of Fine Arts. Dès 1963, toutefois, il abandonne la peinture, et les ‘‘icônes’’ qu’il a produites, reliefs monochromes agrémentés d’ampoules électriques de couleur, pour travailler exclusivement avec des tubes fluorescents. Il s’en tient désormais à la lumière, colorée ou non, de néons de différents formats qu’il dispose au mur, dans un coin ou au sol, en compositions simples de lignes verticales, horizontales ou diagonales, constituant généralement la seule source lumineuse de l’endroit, absorbant les ombres, rompant ou atténuant les volumes pour subvertir l’espace. Les tubes fluorescents dont il use évoquent des usines, des établissements de restauration rapide ou encore des parkings. Cet effet, il l’utilise délibérément, de même qu’une palette réduite imposée par le mode de fabrication des lampes : bleu, vert, rouge, rose, jaune, ultraviolet et quatre tonalités différentes de blanc. L’idée étant de transformer ces lampes et autres simples arrangements géométriques en de complexes travaux architectoniques et des séries élaborées, composées de plusieurs parties. Dès lors, ces installations impliquent le spectateur dans sa perception de l’œuvre, de son énergie et de sa vibration. Ainsi, l’artiste s’oppose vigoureusement au fait que ses œuvres soient considérées comme de simples sculptures ou peintures, les qualifiant plutôt de ‘‘situations’’.