As Real As It Gets, l’exposition de Thomas Wolf, présentée au Be-Part de Waregem, nous parle très visiblement de la passion de l’aviation. Celle que le photographe éprouvait déjà enfant et qu’il a redécouverte durant le confinement. Celle d’un nombre incroyable de personnes, qui l’assouvissent de façon parfois surprenante. En creux cependant, elle questionne aussi notre société avide de déconnexion avec le réel.
À première vue, les photographies de l’exposition de Thomas Wolf, présentée à Waregem, ne manquent pas de faire sourire. On y voit, par exemple, une coquette villa dont le garage est envahi par un simulateur de vol, des passionnés d’aviation comme perdus dans les no-man’s land des abords d’aéroport, ou bien encore des vacanciers sur des plages que survolent des avions en phase d’atterrissage. Autant de situations incongrues, saisies par un œil ironique, qui ne sont pas sans rappeler celles du New Capital de Nick Hannes, présentées en ce même lieu il y a tout juste un an. En y regardant de plus près, on se rend compte que, tout comme ce dernier ou comme le Gantois Carl De Keyser, Thomas Wolf (1982) s’inscrit dans une veine de reportage documentaire dont l’humour (ou le surréalisme) du premier abord est avant tout un moyen d’amener le spectateur, non seulement à découvrir visuellement des réalités qu’il ne soupçonne pas, mais aussi à se poser des questions – parfois d’ordre philosophique – à leur sujet. Tout comme eux, il présente ses images dans un format ‘‘tableau’’ qui révèle – surtout à l’ère du numérique – une infinité de détails et, partant, un effet de réalité accru. C’est loin d’être un détail d’ordre technique, car cette précision signifie en fait que nos questionnements devant ses images, aussi incroyables que celles-ci puissent paraître, ne sont pas abstraits, mais bien suscités par une observation de terrain.