Comptant parmi les plus importants maîtres ébénistes Outre-Manche, Thomas Chippendale est pourtant longtemps demeuré méconnu. Depuis la fin des années 1970, plusieurs publications lui ont rendu la paternité de pièces de mobilier qui s’arrachent désormais aux enchères.
Alors que son nom est souvent associé au style éponyme, mélange d’éléments de design rococo, chinois et gothique, l’ébéniste anglais Thomas Chippendale (1718-1779) a avant tout marqué son époque par la publication, en 1754, d’un ouvrage qui fit longtemps date dans le domaine des arts décoratifs anglo-saxons. Cette année-là paraissait la première édition de The Gentlemen and Cabinet Maker’s Director, grand in-folio de planches gravées, dédié au prince William Henry, frère cadet du roi George III, et vendu au prix alors considérable de 2 livres et 8 shillings (environ 900 de nos euros). Ce répertoire, le plus important recueil de dessins de meubles publié jusqu’alors en Angleterre, lui ouvre les portes de la Société Royale des Arts, qui compte des pairs du royaume tels que les ducs de Norfolk, de Portland ou de Northumberland, et connaît un succès considérable, une deuxième édition étant publiée l’année suivante et une troisième, augmentée de planches supplémentaires, en 1763, parallèlement à une version au contenu visuel identique mais au texte traduit en français. Thomas Chippendale y proposait « un recueil de dessins des meubles les plus utiles et les plus élégants dans le goût gothique, chinois et moderne… »