Zegelring

Un bijou symbolique

Qui l’eut cru ? Ringardisée à la fin du siècle dernier, bague symbole de l’aristocratie et d’une certaine bourgeoise traditionnelle, la fameuse chevalière fait un retour remarqué dans les codes vestimentaires de la jeune génération. Fini le temps ou ce bijou, repoussoir pour beaucoup, était relégué dans l’oubli des fonds de tiroir. Un retour en grâce qui se traduit évidemment par nombre de détournements.

TEXTE : Christophe Dosogne

Ainsi, « la cheche (prononcer cheu-cheu) de bourge », la bague la plus clivante de la joaillerie, a retrouvé les doigts de la jeunesse. Qu’ils soient artiste, bobo ou hipster, à trente ans, nombre d’hommes portent à nouveau la chevalière, tandis que leurs alter-egos féminines ont fièrement ressorti le rang de perle de leurs grands-mères. Et, s’il lui arrive d’en détourner l’usage, c’est bien dans sa version la plus classique, c’est-à-dire en or et gravée d’armoiries familiales, que cette nouvelle jeunesse l’aime, décomplexée et à l’aise avec l’image connotée qu’elle renvoie. Car, il est désormais bien loin le temps des codes figés et des classifications de genre. Dans le grand mouvement de décloisonnement auquel on assiste depuis le début de la décennie, la chevalière vient rejouer la partition des rockers et des punks qui, dès les années 1970, en la portant à tous les doigts, l’avaient érigée en symbole de la contre-culture, tandis que, dans les années 1990, les rappeurs la récupéraient comme ils l’auraient fait d’une armure clinquante. Directrice artistique de la marque de joaillerie française traditionnelle Arthus Bertrand qui, depuis 1803, s’est faite une spécialité de la confection de chevalières, Camille Toupet précise : « A la différence de leurs pères, qui sont encore bloqués par son côté BCBG, les jeunes hommes se parent et s’habillent sans se soucier du qu’en dira-t-on.