Figure emblématique de la création joaillière au XXe siècle, l’œuvre de Suzanne Belperron s’envole désormais aux enchères. Dessinatrice d’avant-garde, laissant courbes et volumes évoluer naturellement, celle qui ne signait jamais ses créations se plaisait à dire : « Mon style est ma signature. »
« Les batailles d’enchères autour des créations de Suzanne Belperron sont à la hauteur de son talent », précisait l’experte Philippine Dupré la Tour, à l’issue des ventes de bijoux organisées par Aguttes, à Paris, en juillet et octobre derniers. « En vingt ans, nous avons pu voir les prix s’envoler, et aujourd’hui, il s’agit de la signature la plus prisée aux enchères, en ce qui concerne les bijoux. » Il n’en a pourtant pas toujours été de même. Décédée dans l’indifférence générale, les créations de Suzanne Belperron (1900-1983) commencent à peine à refaire surface en 1987, lors de la vente par Sotheby’s des bijoux de la duchesse de Windsor, dont la fameuse parure de calcédoines s’envole contre 627.000 francs suisses. Avec la redécouverte, en 2007, de ses archives personnelles par l’expert-joaillier Olivier Baroin, sa cote poursuit sont envolée, car il est désormais possible d’identifier avec certitude des pièces qui, jusqu’alors, étaient anonymes en raison de l’absence voulue de signature. Ainsi, en 2018, un bracelet Tube de 1948, en platine et diamants, était adjugé 852.500 euros par Christie’s à New York. Plus récemment, une parure d’émeraudes gravées et diamants ronds s’adjugeait, lors de la vente de juillet chez Aguttes, contre 160.064 euros, tandis qu’en octobre une remarquable bague Ruban, en diamants montés sur platine et or gris, quittait la salle contre 57.728 euros. Il faut dire que la forme profilée de ce ruban renouvelait le modèle de la bague dôme avec un esprit moderniste approprié à l’élégante pour laquelle elle avait été commandée, vers 1935 : Andrée Mallet-Stevens, épouse du fameux architecte, réputé pour la pureté de ses lignes.