Deux mois avant l’ouverture de la Biennale de Venise, plusieurs premières avaient déjà lieu à Séoul. La Maison Hermès Dosan Park de la Fondation d’entreprise Hermès présente (jusq. 09-07) Beauty is a Ready-made du collectif d’artistes Claire Fontaine. Ses œuvres Stranieri Ovunque, dont une version est également exposée en Corée du Sud, constituent le thème central de la 60e édition de l’événement italien. Space K Seoul organise une exposition personnelle de l’Américain Eddie Martinez, qui expose ainsi pour la première fois en Asie, tout en représentant à Venise le micro-État de Saint-Marin sous le titre Nomader. Rinus Van de Velde (Art Sonje Center) et Philippe Parreno (Leeum Museum of Art) étaient, au printemps dernier, les têtes d’affiche de quelques-uns des plus grands centres d’art de Séoul. Le monde de l’art coréen s’intéresse-t-il à l’Occident et cela augure-t-il d’un bouleversement dans la culture locale ? Dans un pays dont l’image de marque en Occident est influencée par celle de son homologue du Nord, les frontières ne semblent guère faire obstacle à des collaborations culturelles. Grâce à un échange bilatéral dynamique, le monde entier découvre l’art coréen.
Ces dernières années, les expositions venues de Corée faisaient florès en Occident. Le musée Van Abbe présentait, en mai, Sung Hwan Kim: Protected by roof and right-hand muscles, sa plus grande exposition jamais organisée en Europe, qui couvrait plus de vingt ans de création. Il est encore possible de voir au Lakenhal (jusq. 21-07) des œuvres de Kimsooja dans le cadre de Thread Roots. En dehors de Nam June Paik, ce grand nom qu’est Lee Ufan en Occident présentera ses œuvres lors de la onzième édition de l’exposition annuelle de sculptures au Rijksmuseum. Kimsooja a également reçu une carte blanche de François Pinault à La Bourse de Commerce pour mettre le monde à l’envers tout en le reflétant (jusq. 02-09). Son travail est également exposé en la galerie Axel Vervoordt de Wijnegem (jusq. 31-08). Lee Ufan (1936), souvent considéré à tort comme un Japonais, y dévoile (jusq. 28-10) sept sculptures emblématiques dans les jardins et deux dans le musée. La Corée fut également invitée au S.M.A.K de Gand avec l’exposition personnelle Several Reenactments de Haegue Yang. Mais, l’art contemporain coréen n’est pas le seul à séduire les musées. Le Princessehof de Leeuwarden organisait, en 2022, une grande exposition de céramiques consacrée à l’histoire culturelle de la Corée. Londres n’échappait pas non plus à cet engouement lorsque le Victoria and Albert Museum s’est mis au Hallyu ou golf coréen. Ce musée offrait, pour la première fois depuis 1961, une vision élargie de la culture coréenne. Dans le monde de l’art, il y a toujours des gens pour faire bouger les choses.