Biedermeierstijl

Le style Biedermeier – Reflet d’un art de vivre moderne

Dans le premier quart du XIXe siècle, le style Biedermeier a profondément marqué tant l’Allemagne et l’Autriche que les pays du Nord de l’Europe, en y incarnant parfaitement les valeurs d’un nouvel art de vivre dérivé du Congrès de Vienne. Dominé par un esprit de conservatisme, il s’illustrait avant tout par une nouvelle aspiration des élites au calme et à la stabilité. La forte restriction des libertés publiques entraîna alors un repli sur la sphère privée et familiale, qui s’illustra notamment par l’apparition, dans les intérieurs domestiques, de ce que l’on nomme depuis le living room. Une exposition, au Leopold Museum de Vienne, entend rendre compte de l’étonnante modernité de ce style.

TEXTE : Christophe Dosogne

En Europe centrale, l’époque Biedermeier correspond à ‘‘l’ère Metternich’’, du nom du chancelier de l’empire d’Autriche, Klemens Wenzel von Metternich (1773-1859), période de paix consécutive aux guerres napoléoniennes, qui s’étend du Congrès de Vienne de 1815 aux révolutions de 1848. Cette époque, plutôt austère, se caractérise par une méfiance envers le grandiose et l’héroïsme, mais aussi par une aspiration au calme et à la stabilité. La forte restriction des libertés et, surtout, une certaine défiance à l’encontre de l’action politique entraînent alors un repli vers la sphère privée, la famille et le foyer. Le style Biedermeier, qui entretient des liens indissolubles avec ces valeurs, peut donc être considéré comme une expression artistique de l’ordre politique et social. En opposition radicale avec l’opulente splendeur de l’Empire français, il joue de la simplicité comme d’une attitude politique, voire morale. Contrairement à une idée fort répandue, le Biedermeier n’est pas, dans un premier temps, un style bourgeois et bon marché. Cet idéal domestique est promu, avant tout, par le très conservateur empereur François Ier d’Autriche (1768-1835), neveu de la reine de France Marie-Antoinette, profondément traumatisé par son destin tragique et par les affres de la Révolution, mais aussi par la brutalité des conquêtes napoléoniennes qui leur ont succédé. L’ensemble de la famille impériale, de même que les familles régnantes germaniques et russes, notamment le roi Frédéric-Guillaume III de Prusse (1770-1840) et le tsar Alexandre Ier de Russie (1777-1825), tous deux vainqueurs de Napoléon, mais également la haute aristocratie, partagent de concert ces nouvelles idées.